« D’où qu’on chante, si on chante debout, on peut faire un pas l’un vers l’autre pour le rejoindre. À l’heure où on célèbre les gisants, notre travail à Hexagone, revue trimestrielle de la chanson, est celui de faire se rencontrer les fous chantants – car le monde comme il va nous envoie le message qu’il faut être fou pour chanter de son vivant… et le monde a souvent tort, les artistes sont heureusement là pour le lui rappeler. Si l’attachement géographique à la ville de Lyon est un point incontestable qui rapproche Michèle Bernard et Frédéric Bobin, ils n’ont rien de deux compagnons de régiments. Elle, son accordéon, lui, sa guitare, elle, l’Eve, lui, l’Adam… Bref, les pommes de discorde auraient pu être aisément trouvées. Mais si nous avons choisi de les réunir lorsque la salle A Thou Bout’ Chant nous a proposé d’organiser en septembre 2018 une soirée carte blanche, c’est parce que nous avions l’intime conviction qu’ils étaient les mêmes, et qu’en un temps, en un lieu, un seul fait serait chanté. D’égal à égal et en synchronie. Qu’ils aient eu envie de tordre le cou au conventionnel co-plateau et qu’ils aient mélangé leurs répertoires, rien ne pouvait nous faire plus plaisir. Michèle Bernard et Frédéric Bobin chantent ensemble. Et c’est là que Singapour de l’un répond aux Quatre-vingts beaux chevaux de l’autre, que Maria Szusanna annonce sa quasi-sœur Tatiana sur le périph, et ainsi de suite. Le lien, tout est là, dans une poésie à hauteur d’Homme, et foin des nains qui chantent sur les épaules des géants. » 

David Desreumaux et Flavie Girbal, HEXAGONE, revue trimestrielle de la chanson